Nous sommes entrés dans l'âge de l'hyper-connexion. Des pratiques sont en phase de modifier largement le paysage socioculturel qu'il devient urgent pour des pays en voie de développement ou en émergence de comprendre ces transformations voire mutations profondes qui s'opèrent silencieusement ou pas, dans les usages et les pratiques sociétales, professionnelles et culturelles et en l'occurrence en matière d'enseignement des langues.
Il devient urgent de savoir comment négocier les tournants technologiques pour s'éviter les erreurs des expériences précédentes et contracter les distances pour mettre place des dispositifs adéquats et en phase avec le contexte et les attentes et besoins des bénéficiaires.
L'enseignement des langues revêt une importance majeure au Maroc ; particulièrement le français, qui demeure malgré moult réformes la langue d'enseignement au supérieur et a même réintégré dernièrement l'enseignement secondaire à travers la mise en place d'une expérience pilote dites « Baccalauréat international ».
Cet état de fait, rend obligatoires le développement de recherches et de dispositifs supposés accompagner l'apprentissage des langues mais également l'apport d'un regard critique sur l'ensemble de la politique de l'enseignement/ apprentissage des langues dans un pays comme le Maroc. Le contexte est en effet particulier et les données complexes rendent les différentes approches et démarches difficiles à piloter et nécessite actuellement une nouvelle vision intégrée, réaliste et en diapason avec l'univers de l'hyper-connexion.
Pour cette communication nous proposons un regard critique sur la politique du Maroc de l'enseignement des langues à travers le dispositif de Centre.
Nous proposons de questionner une expérience marocaine qui a débuté en 2003 avec un projet de mise en place d'une Maison de ressources pour l'enseignement de la langue française et d'une réflexion sur l'inter-culturalité menée entre deux équipes : marocaine et belge. Cette expérience a été soutenue par des programmes internationaux : CUD, WBI, SCAC etc.
Depuis cette date, nous avons poursuivi en mettant en place d'autres programmes jusqu'à l'adoption du Conseil de l'université Mohammed Premier du projet de la mise en place d'un Centre d'enseignement de langue et de communication en 2009. Ce projet sera intégré dans la réforme dite « Programme d'urgence » et fera l'objet d'un contrat avec le Ministère de l'enseignement supérieur et la Recherche au Maroc.
Le centre de l'enseignement de langue et communication a été pensé comme un espace intégré proposant diverses perspectives d'apprentissage et de recherche :
- Un espace physique d'une superficie importante
- Des dispositifs virtuels (plateformes, Moocs...)
- Des équipes de recherche
A travers notre communication nous souhaitons questionner cette expérience d'une dizaine d'années :
- Quels sont les résultats probants de cette expérience ?
- Comment négocier un tournant technologique pour des Centres plus appropriés à la réalité et au contexte marocains ?
- Les centres elearning sont-ils une alternative dans l'université marocaine qui peine à centraliser certains services et où les composantes (facultés et écoles) demeurent très autonomes ?
- Quelles sont les limites du modèle dans le contexte marocain ?
- Quelle politique des centres de langues au Maroc et quel genre de centre choisir ?
Notre proposition souhaite interroger le phénomène "centre de langues " en recoupant la réflexion avec la lecture critique que nous souhaitons faire d'une expérience de terrain.