La prolifération des outils numériques nomades redéfinit aujourd'hui de nouveaux espaces d'apprentissage. En anglais LANSAD, ceux-ci redessinent notamment l'espace de parole. L'objet de cette communication est de faire un état des lieux du dispositif de Licence 3, axé sur les compétences de compréhension orale et de production orale, afin de délimiter les enjeux et les tensions, entre un espace d'apprentissage numérique d'une part et spatial d'autre part, et la façon dont ceux-ci influencent nos systèmes d'apprentissage et d'évaluation, ainsi que nos pratiques.
En L3, des ateliers de conversation de 45 minutes ont été mis en place. Sur la plateforme numérique de l'université de Montpellier 3 est déposé le travail préparatoire obligatoire (qui contient plusieurs vidéos authentiques) à faire par l'étudiant en amont. L'espace d'apprentissage est ainsi totalement transformé : l'étudiant ne fait plus partie d'un TD, mais il peut choisir chaque semaine l'atelier auquel il souhaite participer, en s'inscrivant sur Moodle, jusqu'à 24 heures avant l'atelier. Il est autonome quant au choix de la thématique, de l'enseignant, de l'horaire et même de la salle, et peut changer chaque semaine. Le lieu est important : l'effectif étant limité à 12 étudiants, et le manque de salle une contrainte constante, les ateliers ont lieu dans un bureau. Les étudiants sont assis en rond autour de l'enseignant, sans tables. Cet espace de pratique devient alors un espace de socialisation et d'interaction : les étudiants choisissent souvent les ateliers selon leurs thématiques et ils viennent, dans le meilleur des cas, pour parler de sujets qui les intéressent personnellement, et pour échanger avec d'autres étudiants. L'offre thématique et horaire étant large (80 ateliers par semaine), mais les places limitées, les étudiants se trouvent confrontés à un espace-temps qui peut être déstabilisant : choix libre et possible jusqu'à la dernière minute, mais nécessité de s'inscrire rapidement pour avoir une place dans l'atelier qui les intéresse et à l'horaire qui leur convient. Une réflexion sur la place et la fonction du Centre de Langues au sein de ce dispositif d'apprentissage est nécessaire puisqu'il se retrouve pour l'heure relégué au simple rôle de centre d'examens (au cours desquels les étudiants enregistrent leur prise de parole). Cet état de fait mérite à lui seul une réflexion plus profonde sur les espaces d'apprentissage et les usages de nos ressources spatiales en LANSAD.
Bibliographie
« L' « autonomie » en langues - processus et dispositifs d'apprentissage » Les Langues Modernes, 3/2012
« Apprendre à s'autoformer en langues : approches créatives et outils numériques » Les Langues Modernes, 4/2013
Cahiers de l'APLIUT, La formation en langues/Lansad dans les centres de langues : état des lieux et perspectives (Volume 34, N°1, 2015).